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Au fil du temps

La ferme des mille vaches s'exporte en Belgique


 
opposants la surnomment « la ferme des mille vaches » ou « l'usine ». Le projet : un millier de vaches parquées dans un immense hangar, des robots de traite automatiques, pour une production annuelle de 11 millions de litres de lait. Cette exploitation laitière -implantée en Picardie, en France- a démarré l'an dernier, malgré l'opposition virulente de riverains, de citoyens et d'agriculteurs. Boycottée en France, la ferme tente maintenant d'écouler sa production en Belgique.

A l'origine du projet, un homme qui n'a rien d'un agriculteur. Le nom de Michel Ramery, un nordiste d'une soixantaine d'années est bien mieux connu dans le milieu du bâtiment et des travaux publics. Depuis près de quatre ans, depuis qu'il a déposé son projet d'exploitation intensive, le riche entrepreneur est en guerre contre ses opposants : agriculteurs, riverains ou citoyens sensibles à la question.

Principal reproche des opposants : le mode de fonctionnement hyper intensif de la ferme. Pour eux, une aberration en termes de bien-être animal. Des centaines de vaches, enfermées, qui ne fouleront jamais l'herbe des pâturages, un personnel trop peu nombreux, trop peu formé aussi. Le risque d'épidémie chez les bêtes serait très présent et le taux de mortalité particulièrement inquiétant.

Un boycott massif en France, des débouchés en Belgique

La ferme, qui a pu ouvrir à l'automne dernier devait compter un millier de vaches. Elle en exploite aujourd'hui 500, faute d'autorisation d'aller plus loin. Voilà une première victoire pour les anti " ferme des mille vaches ". La seconde victoire c'est ce boycott, arraché aux laiteries et distributeurs locaux. " La pression citoyenne était si forte, qu'ils n'ont pas vraiment eu de choix ", confirme Laurent Pinatel, le porte-parole de la confédération paysanne française.

Face à ce boycott massif, l'exploitation doit donc trouver de nouveaux débouchés. Pour Laurent Pinatel, cela ne fait aucun doute : la Belgique est un marché de prédilection pour la ferme des mille vaches. " En France, de toute façon, plus aucune enseigne de distribution ne veut de ce lait dans ses rayons ! Donc c'est évident que la production a été orientée vers le marché belge ", assure Laurent Pinatel. Pour en avoir le cœur net, des membres de la confédération paysanne et des membres d'une association de citoyens, ont décidé de mener une filature. Ils ont suivi un camion de lait, au départ de l'exploitation picarde. " Ce périple nous a conduit jusqu'à une laiterie belge où le lait a bien été collecté et doit être transformé", raconte Laurent Pinatel.

La " ferme des mille vaches " confirme la version des militants : un camion de lait est bien parti vers la Belgique. Mais du côté de la laiterie citée par les militants, la réponse est bien plus évasive." Cela a pu arriver, mais je ne le pense vraiment pas ", se borne à répondre un responsable.

Balayer devant sa porte

Y a-t-il eu d'autres livraisons ? D'autres laiteries belges ont-elles acheté de ce lait ? Impossible de le vérifier. Si un tel mystère plane autour de la question c'est que les laiteries craignent d'écorner leur image, si elles en disent trop.

" Les consommateurs ont encore en tête une image idyllique, véhiculée par les films ", estime Erwin Schöpges, le président du MIG, un syndicat belge de producteurs laitiers. " Des vaches qui broutent en plein air, dans un grand espace, à la campagne, développe-t-il. Mais c'est une image erronée : les gens doivent se rendre compte que l'agriculture très intensive gagne de plus en plus de terrain."

La ferme des mille vaches s'exporte en Belgique

La ferme des mille vaches s'exporte en Belgique - © Tous droits réservés

Pour ce producteur, cette histoire est l'occasion de s'interroger sur tout un système. Et pour lui, il faut aussi balayer devant sa porte. " En Belgique aussi nous avons des exploitations de 300, 400 ou même 500 vaches ! J'en vois beaucoup autour de moi ", s'indigne Erwin Shöpges. " Ces vaches ne sortent jamais de leur étable, elles sont traites par des robots, sur des carrousels. A vous consommateurs, de choisir l'agriculture que vous souhaitez ", interpelle le producteur laitier.

Un manque de traçabilité

Le problème, c'est que dans l'état actuel des choses, le consommateur a en fait une marge de manœuvre assez réduite. Certaines marques proposent un lait équitable, d'autres font un effort sur la question de la traçabilité. Mais cela reste l'exception. " Un camion collecte environ 30 000 litres de lait. Il en collecte 2 000 chez moi, 5 000 chez mon voisin et ainsi de suite jusqu'à ce que le camion soit rempli ", témoigne Erwin Schöpges.

Ce que nous buvons est donc un mélange de plusieurs laits, produits dans des petites comme dans de très grandes exploitations, en Belgique ou même ailleurs en Europe. En général, les étiquettes en disent très peu sur la provenance du produit.

La ferme des mille vaches s'exporte en Belgique

La ferme des mille vaches s'exporte en Belgique - © Tous droits réservés

L'autre inquiétude des éleveurs belges est d'ordre financière. " Avec la fin des quotas laitiers, les producteurs se trouvent déjà dans une situation très incertaine ", rappelle Gwenaëlle Martin de la FUEGA, une fédération d'éleveurs et d'agriculteurs. " Ce flot de lait qui arrive de France risque de tirer encore un peu plus les prix vers le bas ", déplore-t-elle.

Barbara Schaal

source: http://www.rtbf.be/info/societe/detail_la-ferme-des-mille-vaches-s-exporte-en-belgique?id=8991200#newsImagesPane

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